Inspirations

Self made: une adaptation partielle et revisitée de l’histoire.

L’adaptation au cinéma d’une oeuvre peut être totale ou partielle. L’intégralité de l’histoire peut être gardée ou modifiée.

Netflix nous propose celle de Madame C.J Walker, un grand nom de la culture afro-américaine. Après avoir vu la bande annonce de cette mini-série, écrite par  Nicole Jefferson Asher, j’avoue avoir été curieuse de découvrir « Self made » autour de la vie de la célèbre Madam Walker, Sarah Breedlove de son vrai nom.

ATTENTION SPOILER!

Si vous ne savez pas de quoi je parle, je vous invite d’abord à regarder cette série et ensuite de revenir ici afin que nous puissions, autour d’une tasse de chocolat ou d’un verre de vin (en période de confinement, rien de mieux) discuter de cette série.

Madam Walker

A la sortie de l’adaptation (terme important dans cette histoire), les avis ont été mitigés. D’une part, nous avions ceux qui avaient beaucoup aimé l’histoire de cette femme partie de rien et en qui ils voyaient un modèle de réussite et de l’autre côté, nous avions ceux qui ne voyaient en elle, qu’une femme calculatrice, manipulatrice et avide de pouvoir.

Il faut dire que l’accent, à mon sens, a été mis sur deux choses tout au long du film: le fort caractère de Madam Walker et l’opposition de la femme mulâtresse (Annie Malone), définie comme étant belle et intelligente et la femme noire (Madam Walker), son opposé, c’est-à-dire moche et inculte.

Si je me base sur cette fiction, sincèrement, j’ai aimé cette proposition. J’ai aimé les jeux d’Olivia Spencer (Walker) et de Carmen Ejogo (Malone). Elles ont été toutes les deux convaincantes dans leur rôle. Tout d’abord, Carmen Ejogo, dans le rôle de la métisse, mariée au « bon parti », qui dans le contexte social de l’époque, se considère supérieure aux femmes noires. Et Olivia Spencer, qui malgré son statut social va se battre pour espérer offrir une meilleure vie à sa fille.

J’aime l’idée que nous ne soyons pas dans un film bisounours, ou tout est beau et tout le monde gentil, ce qui finalement ne représente pas du tout la vraie vie. Nous avons des caractères forts, des femmes qui veulent s’élever envers et contre tout. Des femmes qui ne demandent pas la permission et qui utilisent les mêmes armes que les hommes. Des femmes qui ne s’effacent pas et qui bien au contraire parlent fort, se montrent et exigent qu’on les écoute. Il y a des coups bas, de la trahison, de la déception et ça pimentent cette oeuvre.

Néanmoins, les clichés véhiculés n’apportent rien au film et malheureusement ne font pas avancer le débat, ni évoluer les mentalités. Alors oui, le métissage et les cheveux lisses restent encore aujourd’hui des critères de beauté pour certains, mais quand on sait que la véritable histoire n’était pas du tout celle du film, on se demande pourquoi avoir choisi ce parti-pris.

Annie Malone

Parce que non, l’histoire relatée sur Netflix, n’est pas ce qui s’est passé. Nous sommes en 1869 à Minneapolis et née, Annie Turnbo, dixième enfant d’une fratrie de onze. Deux ans plus tôt, Sarah Breedlove née de parents esclaves, arrive au monde juste après la proclamation de l’émancipation des esclaves. Dans ce contexte, on peut imaginer une existence toute tracée pour ces deux femmes noires, mais sans compter sur leur détermination. Annie passionnée de chimie et de cheveux va réussir à créer une gamme de produits destinée à la communauté noire. C’est une énorme réussite. Mais avec le succès arrivent aussi les déconvenues et en autre avec l’une de ses meilleures vendeuses CJ Walker.

Après avoir quitté Annie Malone (son nom d’épouse), Madam Walker crée sa propre compagnie en lançant sa gamme de produits qui fera aussi fureur. En observant le succès de sa concurrente, Annie dénoncera le plagiat d’un de ses produits. Les deux femmes connaitront un succès tel qu’elles deviendront toutes les deux millionnaires.

On est donc loin de l’histoire raconté par Nertflix. Mais cette version, met le doigt sur l’histoire que l’on veut nous raconter et notre veritable histoire. Il est important d’apprendre en cherchant l’information, en lisant des livres, en regardant des documentaires ou des films afin de se faire son propre avis, sans être influencé par des faits erronés. Personne ne nous facilitera le travail, alors apprenons notre histoire et transmettons l’information.

Thia

2 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *