Inspirations

Viol

C’est la « blague » d’une bonne femme qui se rend chez le médecin car elle a une « déchirure ». Le médecin lui dit: « déshabillez-vous. Je vous demande de vous déshabiller. La jupe, le string, à poil!. Il la chope par le chignon. Et là, clac, sur son bureau. Il défouraille! Il l’attrape par les hanches et il l’encule! A sec! Voila, ça c’est une déchirure! – Jean-Marie Bigard.

Cette « blague » a été entendue à une heure de grande écoute sur la chaîne C8, dans l’émission de Cyril Hanouna (touche pas à mon poste). Alors oui, nous connaissons tous « l’humour » de ce cher Bigard. Il faut que ce soit lourd, sans fond, sans intelligence et grossier. Mais ou s’arrête « l’humour »? Ou ce qui était jusque-là, une simple blague pas marrante devient quelque chose d’abjecte ? 

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Évidemment, je vois déjà certains crier à la liberté d’expression ! La liberté d’expression est définie par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui dispose que « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »

Donc, chacun a le droit d’avoir son opinion, ses idées et de l’exprimer par n’importe quel moyen et sous n’importe quel format. Mais, si nous lisons un peu plus en détails cette fameuse loi, il est aussi dit que d’après l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté en 1966, elle peut « être soumise à certaines restrictions, qui doivent toujours être prescrites par la loi et être nécessaires. »

Exemple : la protection des personnes et des droits de la personnalité : la diffamation, l’injure, l’atteinte à la vie privée, la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence, l’apologie des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de réduction en esclavage ou d’exploitation d’une personne réduite en esclavage ou des crimes et délits de collaboration avec l’ennemi, la négation, la minoration ou la banalisation de ces crimes (articles 29 et suivants de la loi du 29 juillet 1881)

Le viol, quant à lui, est défini par le Code pénal (article 222-23) comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. C’est un crime passible de la cour d’assises.
On distingue le viol des autres agressions sexuelles à travers l’existence d’un acte de pénétration qui peut être vaginale, anale ou buccale. Cet acte peut être réalisé aussi bien avec une partie du corps (sexe, doigt…) qu’avec un objet.

La peine encourue par l’auteur d’un viol est de 15 ans de prison. Cette durée est portée à 20 ans dans certaines circonstances, notamment lorsqu’il est commis sur un mineur de quinze ans ou par le conjoint ou le concubin de la victime ou le partenaire lié à la victime par un PACS. Le viol est puni de 30 ans de réclusion criminelle lorsqu’il a entraîné la mort de la victime.

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Afin que Mr Bigard et tous ceux qui prônent cette fameuse liberté d’expression comprennent qu’il n’y a absolument rien de « marrant » à se faire violer, voici quelques témoignages : 

http://www.madmoizelle.com/premiere-fois-viol-412295
https://www.huffingtonpost.fr/anya-tsai/il-y-a-un-an-je-portais-plainte-pour-viol-sur-mineure_a_23601259/?utm_hp_ref=fr-temoignage-viol
https://societe.aufeminin.com/forum/sarah-victime-d-une-tournante-harcelee-pour-avoir-parle-fd318472
https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/20180801-Ma-bouche-avait-6-ans.pdf

Alors oui, la liberté d’expression est un principe abstrait et la ligne rouge peut-être facilement franchie. On peut rire de beaucoup de chose, mais peut-on rire de la souffrance et des drames vécus?

Thia

4 commentaires

  • Ludovic

    Bonjour Thia, je tombe par hasard sur cet article après une recherche sur Neisson et Mme Vernant et donc sur cet article précédent. Je voulais vous remercier et vous féliciter pour la qualité de votre article sur la « blague » de JMB et répondre à votre question en fin d’article. Contrairement à la majorité des prises d’opinion sur le sujet la vôtre est soirée, argumentée, précise, et elle apporte donc, en plus d’un rappel sur la gravité du viol, des éléments intéressants au débat. Même si pour moi il ne devrait sûrement pas y avoir de débat… Ma réponse à « peut-on rire de la souffrance et des drames vécus? » est OUI ! Oui et il le faut. Le problème de cette « blague » de JMB n’est pas son sujet mais son incapacité à être drôle et intelligible. On doit pouvoir continuer à rire de tout sans porter attention à ce qui n’est pas marrant. Bien sûr le viol, ce n’est pas marrant, pas plus que les attentats, le cancer, la pédophilie ou les crashs aériens… Pourtant, avec du talent, certain(e)s savent nous faire rire sur ces sujets 😉 JMB a son humour, qui déplaît à beaucoup depuis des années, et quelque part je trouve à titre personnel qu’il accompagne bien le manque de qualité intellectuelle d’un programme comme celui dans lequel cette blague a été diffusée. Ce n’était pas drôle et j’espère que quelqu’un a eu la présence d’esprit en direct de faire comme vous dans votre article un simple rappel à la loi mais j’en doute (et ne comptez pas sur moi pour perdre du temps à chercher un Replay, je préfère filer au Carbet visiter la distillerie Neisson 😉 )

  • N.N

    Coucou Thia.
    Peut-on rire de tout ? Il n’y a pas si longtemps, j’aurais dit oui, et ça, dans l’absolu. Mais je crois que les choses sont un peu plus compliquées que ça. Quand on a personnellement été victime, ici de viol, mais je pense que c’est valable pour de très nombreuses situations, c’est dur de rester légère. C’est difficile de ne pas revivre à chaque fois le traumatisme dont on a été victime, lorsque d’autres en parlent avec légèreté. C’est dur d’entendre ces choses que l’on arrive pas à dire nous mêmes parfois. C’est dur de voir que certains en parlent en minimisant les conséquences parfois dramatiques que cela peut produire en nous.
    Alors, non, je ne pense pas qu’on puisse rire de tout, du moins, pas en étant personnellement concernée.
    Mais la vie continue, parfois comme avant, parfois de façon plus laborieuse et beaucoup moins drôle, beaucoup moins naive. Mais elle continue.
    Désolée si je me suis étalée, c’est simplement que je me suis sentie terriblement meurtrie, terriblement souillée, humiliée par les propos de JMB qui n’a aucune idée de ce qu’est un viol, de ce qu’est la vie après un telle ignominie. Bref.
    N.N DE la team Brownsugar.

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